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Un ingénieur devient viticulteur : "Vous faites du vin avec votre tête et vos mains"

"Il est très important pour moi que le vin belge ait une bonne réputation" (Martin Bacquaert, vigneron-œnologue).

On dit souvent que vous pouvez tout faire avec un diplôme de bio-ingénieur. Ce n’est pas Martin Bacquaert qui vous dira le contraire. En tant qu'ingénieur-œnologue, il a lancé son propre vignoble à Westouter en 2004.

Le domaine viticole Entre-Deux-Monts est situé entre le Rodeberg et le Zwarteberg, au sud de la Flandre occidentale. À l’époque, on y cultivait du tabac et Jean y produit désormais du vin banc, du vin rouge et du mousseux. "En raison de mon attrait pour les sciences de la vie, j'ai opté pour des études de bio-ingénieur et non d’ingénieur industriel ou civil. J'ai aussi la main verte et m'intéresse à tout ce qui touche aux plantes, au sol et au climat."

"Pendant mes études, je suis allé cueillir des raisins dans la région de Bordeaux chez un fournisseur de mon père, lui-même marchand de vin. J’ai ensuite effectué un échange Erasmus à Cordoue, au milieu d'une région viticole. Ma passion s’est confirmée suite à l’obtention de mon diplôme et j’ai décidé de me lancer dans un Master en Sciences de la Vigne et du Vin à Montpelier. En tant que vigneron-œnologue, j'ai d'abord pensé à une carrière internationale mais mon père eut une autre idée : pourquoi ne pas planter un vignoble sur les terres de son père ? C'est ainsi que je me suis retrouvé à Heuvelland."

Pas de récolte

"Le lancement d'un domaine viticole est très exigeant en main-d'œuvre et en capital. Les trois premières années, vous ne récoltez pas de raisins et ne pouvez donc pas faire de vin. Voilà pourquoi j’ai travaillé pour mon père à titre principal pendant cette période. J'ai commencé en 2004 avec trois hectares de vignes et nous avons petit à petit étendu le domaine pour atteindre 18 hectares au jour d’aujourd’hui. Nous étions des pionniers en la matière en Belgique. Certes, d'autres personnes s'étaient déjà lancées dans une telle aventure mais il n’y avait pas d’agences et presque aucun autre vigneron à qui demander des conseils. Nous avons traversé des moments de doute et nous nous sentions parfois seuls. Lorsque vous n'avez encore rien produit, travailler sans compter et s’investir dans un tel projet n’est pas toujours évident."

"Les deux dernières années ont été plus faciles et le beau temps fut au rendez-vous. Si ce n’est pas le cas l'année prochaine, je ne perdrai certainement pas courage. Le changement climatique amène son lot d’incertitudes. Même si le temps est chaud, sec et ensoleillé, des pluies diluviennes, du vent et même de la grêle peuvent toujours nous surprendre."

"De plus en plus de personnes commencent à cultiver du vin en Belgique. Une histoire en appelle une autre. Attention, vous ne pouvez pas planter des raisins partout. Le terroir doit être bon. Il est très important pour moi que le vin belge ait une bonne réputation."

Connaissance, feeling et main verte

"La vinification est en grande partie une science et un savoir. De plus, un bon vigneron doit avoir un certain feeling, ce qui ne s’apprend pas sur les bancs d'école. Mes formations de bio-ingénieur et de vigneron me sont bien sûr d’une grande utilité, tout comme mes mains vertes. Je veux travailler le plus durablement possible. Nous avons une vision holistique et réduisons l'empreinte écologique de l'ensemble de l'entreprise : pulvérisation, navettage, choix des bouteilles, cartons et étiquettes, panneaux solaires, réutilisation des eaux de pluie,… "

Entre-Deux-Monts

"En utilisant une méthode de mesure certifiée, nous avons cartographié notre entreprise et découvert des points à améliorer. Par exemple, en utilisant des bouteilles contenant 10 à 30% de verre en moins, le poids lors du transport est allégé et cela diminue les émissions de CO2. Ensuite nous combinons les actions sur le vignoble, comme le binage et la tonte, ce qui réduit les trajets de moitié. Enfin, des kilomètres de haies et d'herbes protègent le sol de l'érosion. L'herbe permet d’accumuler plus de carbone dans le sol."

Tête et mains

"Je me considère comme un 'ingénieur-œnologue' et travaille avec ma tête et mes mains. En tant que vigneron, vous êtes actif dans l'industrie alimentaire mais êtes aussi agriculteur car vous cultivez du raisin. Le marketing et la vente sont également importants. Je ne suis pas un commerçant par nature et j'ai beaucoup appris de mon père dans ce domaine. Enfin, il ne faut pas négliger le management ni le tourisme. Mon champ d’action est plutôt large, tout comme ma formation de bio-ingénieur. Il s’agit selon moi d’une base parfaite pour devenir vigneron."

(wv/eh)

9 avril 2020

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