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La pénurie de personnel dans le secteur de la santé exige une division du travail plus flexible

"Une infirmière peut confier certaines tâches à d'autres profils au sein de son secteur", explique Margot Cloet de Zorgnet-Icuro.

La définition des tâches des prestataires de soins, tels que les infirmières et les professionnels de la santé, doit être plus flexible. "Nous plaidons pour plus d'ouverture. Face à l'évolution des besoins en matière de soins et à la pénurie de personnel, il est urgent de mettre en place des normes plus souples pour le personnel. Nous tirons un signal d’alarme", déclare l'organisation Zorgnet-Icuro.

Qui peut par exemple effectuer une injection ou une stomie ? Cela est déterminé par le décret royal fédéral 78 qui réglemente l'interprétation des professions du secteur des soins dans notre pays. Cette loi a déjà été affinée, même si elle régit toujours les bases du métier de soignant. "Dans notre pays, les soins de santé sont soumis à de nombreuses règles. Cela garantit bien évidemment leur qualité", déclare Margot Cloet, directrice générale de Zorgnet-Icuro depuis deux ans.

D’autre part, elle estime que la législation, créée il y a plus de quarante ans, doit être modifiée de toute urgence. "Dans certains cas, on peut encore parler aujourd'hui de 'surréglementation'. Cela devrait changer. Une infirmière devrait par exemple pouvoir effectuer certaines tâches techniques ou complexes tout en laissant d’autres profils de soins en effectuer d’autres, et ce même s’ils n’ont pas le diplôme requis mentionné dans la législation", affirme Margot Cloet.

Double challenge

La demande de Zorgnet-Icuro pour une certaine flexibilité dans les normes de personnel est certainement basée sur la grande pénurie de personnel soignant. La législation actuelle est parfois rigide et inadaptée aux besoins du moment. Margot Cloet a pour but de sensibiliser les acteurs tels que le gouvernement et les partenaires sociaux à ce sujet. "Nous remarquons que les méthodes traditionnelles ne permettent plus de compenser cette pénurie. Nous tirons un signal d’alarme", insiste-t-elle. De plus, certaines mesures ont inévitablement des conséquences. "En étalant le baccalauréat en sciences infirmières sur quatre ans, le marché du travail reste immobile pendant un an car aucune infirmière n'obtient son diplôme cette année-là."

La Belgique n’est pas le seul pays à faire face à de tels défis. "Vous constaterez notamment que, à cause de l'évolution de la population, de nombreux pays européens sont en compétition sur le marché de l’emploi. Les infirmières s’arrachent à prix d’or. Les Pays-Bas semblent avoir une longueur d’avance en allant beaucoup plus loin en termes de flexibilisation des pouvoirs et des emplois. Les groupes professionnels eux-mêmes, tels que les infirmières, préfèrent parfois ne pas voir leurs tâches déléguées à d'autres profils. Nous devons absolument repenser minutieusement un certain nombre d’aspects, le tout dans une approche globale des carrières."

Le gouvernement précédent n'a-t-il pas procédé à des ajustements ? Si les professionnels de la santé ont par exemple suivi 150 heures supplémentaires de formation, ils peuvent également assumer une série de tâches supplémentaires liées aux soins de santé. "Certains changements ont été apportés pour rendre le personnel plus flexible, mais ces mesures ce sont révélées insuffisantes", poursuit Margot Cloet qui souligne que le défi est double. D'une part, les besoins augmentent, notamment en raison du vieillissement de la population. D'autre part, il n'y a pas assez d'infirmières et d'aides-soignants pour combler la demande actuelle. "Même s’il y a davantage de fournisseurs de soins de santé, nous devrons aborder les choses différemment et rendre la profession plus accessible."

Double approche

Selon Margot Cloet, il existe deux approches pour parvenir à cette ouverture : une formation continue et une prise en charge parallèle. "Le but d'une formation supplémentaire est que les personnes ayant déjà une formation (para) médicale puise effectuer davantage de tâches."

Au niveau des groupes cibles, les exemples sont multiples et vont d'un ergothérapeute ou d'un aidant ayant une affinité particulière pour les soins à un réfugié syrien résidant dans notre pays et titulaire d'un diplôme de médecin (mais qui n'est pas reconnu en Belgique). "Nous n’avons pas de priorités spécifiques dans ce domaine, mais nous constatons que le potentiel y est énorme. De nos jours, certaines personnes méritent de saisir des opportunités. Elles sont motivées et à l’aise avec les soins mais ne peuvent pas pratiquer, ce qui est vraiment dommage."

Le deuxième groupe cible sont les personnes formées plus tarvidement aux soins de santé. "Bon nombre d’initiatives ont été lancées afin d’encourager les gens à travailler dans le secteur de la santé. Cela ne suffit plus. Nous devons également solliciter les gens qui exercent un autre emploi de se réorienter vers les soins de santé. Le fait que nous jouons un rôle sociétal inspire beaucoup de monde."

(eh/ll/wv)

23 octobre 2019
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