Votre patron a-t-il son mot à dire sur votre apparence ?
Une réceptionniste en pantoufles, un directeur de banque en short ou un facteur torse nu ?
Les hommes sont souvent sur la défensive face à un superviseur de sexe féminin. Ce réflexe provient du fait qu'ils se sentent menacés.
Vous pourriez simplement dire que ces hommes n'ont qu'à s'adapter, mais il est tout de même important d'essayer de comprendre d'où provient ce phénomène. En effet, cela peut prendre de plus en plus d'ampleur et impacter la cohésion du groupe. Si le rythme naturel de travail est perturbé à long terme, cela peut même conduire à une lutte de pouvoir interne.
Pourquoi ? "Le concept de masculinité est moins dominant dans la société et il règne un flou entre les rôles attribués aux hommes et aux femmes", explique Ekaterina Netchaeva. Cette dernière est professeur en Management et Technologie à l'Université de Bocconi et étudie l'impact des rôles liés au genre sur le lieu de travail. Cette thématique est de plus en plus courante car les femmes occupent de plus en plus de fonctions managériales et deviennent la source principale de revenu du ménage.
Elle précise aussi que les hommes se sentent juste menacés et ne veulent pas nécessairement être discriminant à l'égard des femmes. "Même les hommes soutenant l'égalité des sexes pourraient percevoir la promotion des femmes comme une menace pour leur masculinité."
Netchaeva remarque qu'il faut tenir compte des normes sociales englobant le concept de masculinité. Selon elle, cela provient du "dogme" social ayant pour effet que le hommes ont du mal à reconnaître leur comportement ou à le changer.
Pendant son enquête, Ekaterina Netchaeva a demandé à des hommes et des femmes de négocier leur salaire avec des managers masculins et féminins. Les employées n'ont pas semblé avoir de réaction différente en fonction du sexe du manager. En revanche, les travailleurs de sexe masculins ont obtenu une réponse négative suite à leur négociation avec un patron de sexe féminin.
Ces derniers étaient donc plus sensibles aux situations pouvant être considérées comme une menace ou susceptibles d'augmenter leur niveau d'anxiété. Au cours des entretiens, ils faisaient preuve de plus de bagout face à un superviseur de sexe féminin. En effet, ils ont tenté d'obtenir un salaire moyen de 37 030 euros face à un cadre de sexe féminin, tandis que leurs exigences baissaient à 32 135 euros face à un responsable masculin.
Ce comportement assertif des hommes par rapport aux femmes peut avoir un impact négatif sur la dynamique du lieu de travail, perturber la cohésion du groupe et atténuer les performances de l'équipe", avertit Netchaeva.
Enfin, elle explique que les hommes ayant constaté que les cadres féminins n'ayant pas d'intérêt pour le pouvoir ou l'auto-promotion et se comportant de manière proactive et directe étaient moins sur la défensive et moins assertives.
Netchaeva conclut que, si les hommes ne veulent pas adapter leur comportement, cela influencera vraisemblablement celui des managers féminins. Elles pourront agir rapidement et de façon proactive, ou encore restreindre (ou moins laisser transparaître) leurs ambitions de pouvoir. Elles créeront ainsi des relations harmonieuses sur leur lieu de travail et en feront leur priorité.
"Dans un monde idéal, tant les hommes que les organisations dans leur ensemble devraient se soucier de ces résultats et adapter leurs comportements. S'ils ne le font pas, qui le fera ? Sans doute les femmes ?"
(eh/jy) – Sources : Express.be / Psychcentral.com
24 octobre 2018Une réceptionniste en pantoufles, un directeur de banque en short ou un facteur torse nu ?
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