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Le licenciement silencieux : version patronale de la démission silencieuse

Une usine de tabac prévoit la 'meilleure fermeture de tous les temps'

"Mon mari me prend pour une folle" (Evelien Vanden Brande, directrice des ressources humaines chez JTI-Gryson).
Que faites-vous si l'on vous annonce que votre entreprise ferme définitivement ses portes dans 4 ans et que 136 travailleurs seront mis à la porte ? Vous encaissez, gardez la tête haute et, comme ce fut le cas pour l'entreprise JTI-Gryson basée à Wervik, vous essayez de trouver un nouveau travail pour tout le monde. "Ce sera la meilleure fermeture de tous les temps", affirme Evelien Vanden Brande, directrice des ressources humaines qui souhaite clore ce chapitre comme il se doit en 2018.
"Mon mari me prend pour une folle" (Evelien Vanden Brande, directrice des ressources humaines chez JTI-Gryson).

Lorsque la société de tabac JTI-Gryson annonça sa fermeture en 2014, personne ne s'y attendait. Le nouveau propriétaire, la multinationale japonaise JTI, investit plus de 10 millions d'euros dans les infrastructures. Depuis l'acquisition, plus de 80 nouvelles personnes ont été engagées. "Un coup de massue pour les 136 employés", reconnaît Evelien Vanden Brande, directrice des ressources humaines chez JTI-Gryson.

Faible taux de chômage

La situation n'est pas évidente car l'histoire de chacun touche bientôt à sa fin. "Si vous savez que votre usine ferme dans quelques années, vous aurez peut-être tendance à baisser les bras. C'est une réaction humaine mais nous essayons que tout le monde garde le moral."


Enfin, l'entreprise a décidé de trouver une solution pour tous les membres du personnel mais également pour les travailleurs temporaires. Pour ces derniers, JTI-Gryson a organisé un salon de l'emploi il y a quelques mois. "Suite à cela, 32 travailleurs temporaires sur 50 ont trouvé un nouvel emploi. Il était de notre devoir de veiller à ce que nos travailleurs reçoivent le soutien nécessaire au cours de leur recherche d'emploi. Une telle initiative nous semblait la solution idéale", conclut-elle.


Tout d'abord, il a été demandé à tous les membres du personnel où ils se verraient après leur expérience chez JTI-Gryson. Ensuite, l'entreprise a cherché des employeurs répondants aux besoins et désirs de chacun. Au total, 14 entreprises des environs représentant différents secteurs furent rassemblées. "Le taux de chômage dans notre région est très faible (2 à 3%) et de nombreux employeurs recherchent de nouveaux collaborateurs."

Répétition générale

La salon de l'emploi pour les travailleurs temporaires était une répétition générale de celui qui sera organisé pour les employés permanents en 2017. "Nous avons déjà conclu des accords avec certaines entreprises de la région pour des employés permanents. Beaucoup de personnes travaillent chez JTI-Gryson depuis des années, et ce lorsqu'il s'agissait encore d'une entreprise familiale. Pour elles, la situation est souvent plus délicate que pour les jeunes travailleurs récemment engagés. L'âge moyen de notre personnel est de 37 ans."


"Il y a quelques mois, nous recrutions encore des travailleurs temporaires. En raison des exigences juridiques relatives aux packagings, nous avons encore dû produire un certain stock, ce qui s'avéra quelque peu difficile. A court terme, vous avez besoin de personnes supplémentaires mais, à long terme, vous souhaitez leur donner des chances de se développer."

Déclarée folle

Evelien Vanden Brande est toujours active au sein de JTI-Gryson. "En ce moment, je suis incapable de lâcher cette entreprise et mon mari me prend pour une folle. Vous devez absolument agir à long terme et en pensant à votre propre carrière. Utilisez le temps qui vous est octroyé pour déterminer les prochaines étapes de votre carrière."


Il n'y a pas encore de date concrète de fermeture de JTI-Gryson. Par conséquent, de nombreux employeurs entament une recherche d'emploi spécifique. "Je ne veux pas quitter subitement mes amis et mes collègues", explique Tamara Seynhaeve, opératrice polyvalente chez JTI-Gryson.

"J'attends encore avant de postuler"

Agée de 32 ans, Tamara Seynhaeve fait partie de la jeune génération de travailleurs. "Je trouve que la jeune génération est confiante quant à son avenir. Si vous êtes motivé, vous trouvez du travail. En revanche, pour les personnes âgées de plus de 40 ans, cela peut s'avérer plus compliqué."


Tamara Seynhaeve est opératrice polyvalente au sein de l'usine et peut être utilisée à plusieurs postes. Je ne sais pas encore si je continuerai dans cette direction. Il se pourrait que je fasse autre chose. Je constate cependant que la plupart de mes collègues préfèrent trouver un nouvel emploi où ils feront plus ou moins la même chose qu'avant." Malgré la situation quelque peu difficile, tout le monde reste motivé et les gens effectuent correctement leur travail en privilégiant la qualité et la sécurité."

Confiance en soi

Tamara Seynhaeve ne pense pas encore à postuler. Une date concrète de fermeture n'a pas encore été annoncée. "A priori, nous serons tenus au courant six mois à l'avance. Je pense que c'est à ce moment-là que je me mettrai en piste. Je suis relativement confiante même si je constate que ce n'est pas le cas de tout le monde. Il est donc important que l'entreprise soutienne le plus possible tous les employés.


(eh/jy) 

25 octobre 2016
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