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Enfin voici venue la baisse tant attendue des revenus de nos éminences. Thomas Mels, porte-parole du premier ministre, est formel : « Ces 5% sont déduits de leurs salaires et de leurs indemnités de frais. » La première fois que nous l’avions appelé, cela semblait en être autrement. Mais cela a été rectifié depuis.
Elio Di Rupo dispose ainsi mensuellement de 10.921,14 euro nets. C’est 5% (556,28 euros) de moins que ce que Yves Leterme gagnait en tant que premier. Un secrétaire d’état va devoir faire avec 10.184,64 euro nets, soit 517,51 euros de moins que sous Yves Leterme.
Mais pourquoi les revenus de nos politiciens sont-ils ce qu’ils sont ? Il est temps de retracer un bref historique avec Herman Matthijs, Professeur en finances publiques et politiques (VUB et UGent). « Initialement, les ministres recevaient leurs primes parlementaires. Avant la seconde guerre mondiale, être ministre devenait de plus en plus un job plein temps. Donc cela semblait tout à fait normal de leur payer un salaire complémentaire, en plus de celui des membres du parlement qui devaient venir voter une fois par semaine. » La fixation du salaire était auparavant pour le moins aléatoire mais de nos jours les salaires des parlementaires sont liés aux revenus d’un conseiller d’état, un magistrat au Conseil d’Etat. Au Parlement flamand également, la règle du montant brut de l’indemnité parlementaire est fixée par rapport au salaire de base d’un conseiller d’Etat.
« Ces dernières années, le parlement a augmenté avec une régularité d’horloge le barème des traitements. », observe le Professeurr Mattthijs avec tact : « Ils savent bien pourquoi … » Herman Matthijs propose d’épargner plus que l’économie symbolique des 4% sur les revenus ministériels. « On peut en effet se demander pourquoi on a encore besoin de six secrétaires d’état avec les compétences réduites du fédéral. Je pense qu’on devrait vraiment pouvoir y arriver avec moins de membres au gouvernement tant au fédéral qu’à Bruxelles. »
Comparé à Monsieur Tout le Monde, les ministres gagnent une somme rondelette, mais leur implication et leurs responsabilités sont aussi nettement plus importantes. Comparé aux fonctions de direction dans le privé, on peut dire que nos ministres en ont pour leur peine. Di Rupo n’est-il pas en effet le CEO de la S.A. Belgique, une entreprise avec un chiffre d’affaires de 369 milliards d’euros au PIB, même si l’on traîne une forte dette ? Avec nos ministres pour comité de direction ? Leurs salaires s’envolent néanmoins comme celui d’un Didier Bellens le numéro 1 de Belgacom qui selon les derniers chiffres connus, gagnerait plus de dix fois plus que son ministre de tutelle.
Avec son salaire mensuel de 186.149 euros bruts all in, Bellens se situe certainement dans la moyenne des 2.275.183 euros que les administrateurs délégués d’une grosse entreprise belge cotée en bourse gagnent par an, c’est ce qu’estime Xavier Baeten de l’Executive Remuneration Research Centre de la Vlerick Management School. Marc Coucke, CEO d’Omega Pharma, gagne 3,7 fois plus par mois que Elio Di Rupo. Comparé à leurs collègues du privé, nos ministres sont donc bien de pauvres malheureux ...
Il est sans doute mieux de comparer les salaires de nos ministres avec ceux des autres pays. A ce sujet, les ministres belges n’ont pas à se plaindre. Le salaire annuel brut (avec indemnités) d’Elio Di Rupo est quelque 34% plus élevé que celui de son confrère néerlandais. Di Rupo, avec ses 16.902 euros bruts par mois, gagne un peu moins que l’Allemande Angela Merkel qui ramène, indemnités comprises, 23.590 euros à la maison.
En ce qui concerne le salaire enregistré, personne ne fait mieux que le Britannique David Cameron, qui a droit à 19.473 euros mais qui se satisfait de 14.378 euros. Le président français Nicolas Sarkozy qui aurait un bon 20.000 euros par mois, suit un autre ‘raisonnement’. Il a refusé de réduire son salaire. « Le faire donnerait un signal ambigu et effrayant aux Français », explique un collaborateur au Figaro. « Si nous réduisons le salaire du président et du premier, cela voudrait dire qu’on devrait le faire pour chacun. »
(jb) - (sc)
23 janvier 2012Un employeur qui chronomètre le temps que vous passez sur une tâche ou un manager qui surveille votre productivité au moyen de caméras ?
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