Pourquoi sortir de la zone euro serait si nocif ?

« Si la zone euro s’effondre, l’économie belge déclinera immédiatement de plus de 8%. Un an après, ce chiffre atteindra quelque 10%. Notre nouvelle monnaie subira une dévaluation de 15% par rapport à la monnaie allemande », c’est ce qu’ont prédit les économistes de ING fin 2011. Mais pourquoi l’écroulement de la zone euro aura de si fâcheuses conséquences ? Peter Vanden Houte, économiste en chef d’ING, nous l’explique.
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« L’existence de la zone euro offre plusieurs avantages importants pour le commerce, comme la suppression des taux de change, davantage de sécurité et une plus grande transparence. Selon différentes études, ces avantages représentent un gain extraordinaire de 2% du produit intérieur brut (PIB). Si l’euro disparaît, vous pouvez du coup oublier ce gain aussi. C’est une première perte permanente. »

Mais ce n’est pas tout. « Dans les pays plus faibles de la zone euro, les banques vont être mises sous pression. Craignant que leur monnaie perde de sa valeur, les Espagnols et les Italiens par exemple vont vite retirer leurs Pesetas et leurs Lires de leur compte pour acheter des Marks allemands. Et comme il y a aura d’un seul coup beaucoup de Pesetas sur le marché, la valeur du Mark allemand grimpera au détriment du Péséta espagnol. »

Faillites

Mais même les pays plus forts souffriront de la dissolution de la zone euro. « Les banques allemandes ont beaucoup d’épargne allemande mais qu’ils ont utilisée pour octroyer des crédits aux entreprises espagnoles et aux autorités italiennes. En d’autres mots, ces banques auront sur leur bilan des dépôts en Mark allemand mais sur leurs actifs beaucoup de crédit dans des monnaies faibles, ce qui diminuera leur valeur. Cet effet entrainera sans doute des faillites, à moins que l’Etat ne vienne au secours des banques, à supposer que cela soit possible. »

Pour mesurer l’ampleur de tels impacts, les économistes procèdent par analogie. « Dans ce cas, nous comparons avec la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, relativement petite, et avec les évènements en Argentine en 2001-2002, où l’on a supprimé la fixité des taux de change entre le Dollar et le Peso parce que l’Argentine avait un problème de concurrence. Dans la Zone Euro, les impacts seront beaucoup plus graves. Sur deux ans de temps, on perdra dans la plupart des pays 10 à 15% du PIB. Si vous faites la différence avec la croissance normale attendue pour la Belgique, vous arrivez à des chiffres de déficit de 8 à 10% après deux ans. »

(mo/sc) 

3 février 2012
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