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Peut-on vivre de l'art ?

"La mondialisation n’a pas facilité les choses. Les premières années, j'ai vécu dans une caravane" (Ulrike Bolenz, artiste).
Leur passion pour l'art les anime. Peuvent-ils gagner leur vie grâce à l’art ? Jobat a interviewé trois artistes et a constaté que vivre de son art est un art à part entière.

1. Ulrike : l'attention internationale

Ulrike Bolenz se souvient de l’époque où elle dessinait et bricolait dans le garage de son père qui était rempli de machines. "J'adorais observer et dessiner le monde et les gens autour de moi, et ce dans les moindres détails. A l’âge de 16 ans, j’ai personnellement pris l’initiative de dessiner les visages d’un grand nombre de personnes âgées qui vivaient dans mon village. Je prenais énormément de plaisir à leur donner vie sur papier. Le dessin était pour moi une manière d’exister."

À l'âge de 19 ans, Ulrike a été sélectionnée pour suivre des cours à la Kasseler Art Academy. Là, elle a appris que, en tant qu’artiste, il est essentiel de regarder le monde de manière pertinente. "Les premières années après mes études, j'ai vécu dans deux caravanes dans la forêt. L'une servait de maison, l'autre de studio. À cette époque, je peignais surtout des gens et des paysages. Même s’il n'était pas facile de joindre les deux bouts, je me souviens de cette période comme d'un moment où je me sentais heureuse."

Ulrike Bolenz bénéficie désormais d’une attention internationale pour ses peintures et ses montages artistiques. Et pourtant, cette reconnaissance ne signifie pas qu'elle ne doit plus continuer à se battre en tant qu'artiste pour pouvoir vivre de son art. "La mondialisation n’a pas facilité les choses. Nous sommes notamment en concurrence avec des artistes de pays aux salaires inférieurs comme la Chine. Ne voyez pas cela comme une plainte. Ma plus grande richesse est que j'ai la liberté de faire ce que je veux, de me renouveler et de perfectionner ma technique."

2. Sander: travaille dans les médias numériques

Il était écrit dans les étoiles que Sander suivrait une formation artistique A l’âge de six ans, il dessinait déjà des bandes dessinées avec son frère jumeau. "J'avais quinze ans quand j'ai volontairement opté pour une orientation artistique en allant étudier à Saint-Luc à Bruxelles." A-t-il été correctement préparé à la réalité du marché du travail en suivant une telle formation ? "C'est surtout l'école de la vie qui me met au défi de devenir la meilleure version de moi-même."

Sander Heremans

Après ses études, Sander a pris la décision de perfectionner son talent artistique sur le marché du travail. "Les premières années, j'ai fait beaucoup de travail à la pige. Il s'agissait d'emplois très variés comme la conception d'un style de maison, la création de fresques murales ou la création de graffitis sur les murs d’une ville. Dans un travail créatif, il est d'une importance vitale que vous continuiez à vous évaluer de manière critique. C'est seulement à partir de ce moment-là que vous pourrez grandir."

Aujourd'hui, Sander travaille chez 90/24 Sports, une société de médias numériques avec un bureau à Bruxelles qui se concentre sur le contenu créatif et les médias sociaux pour les athlètes et les influenceurs. De plus, il organise des ateliers créatifs de street art pour tous les âges. "Je me vois comme un 'artiste commercial'. Les lois commerciales sont dures mais elles vous poussent également à aller de l'avant", explique Sander tout en racontant qu’il rêvait de devenir peintre lors de sa formation. Aujourd'hui, il voit les choses différemment. "Avant, les toiles étaient utilisées pour toucher un large public. En cette période numérique, vous pouvez plus facilement éveiller l’intérêt des gens via d'autres médias tels que le web et les peintures murales."

3. Philippe : professeur à temps partiel

Si on demande à Filip Leemans de Steenokkerzeel ce qu’il a appris au cours de sa carrière créative, c'est que l'art demande beaucoup d'inspiration mais surtout de sueur. "Ce n'est pas parce que vous avez du talent créatif que vous obtiendrez de bons résultats sans faire trop d'efforts. Les œuvres d'art sont généralement le résultat d'un travail acharné. Si vous voulez créer quelque chose, vous devrez essayer des choses. Si cela ne fonctionne pas la première fois, essayez à nouveau et continuez ainsi jusqu’à ce que vous réussissiez."

Filip Leemans

Filip travaille depuis 12 ans comme enseignant dans l'éducation plastique et l'esthétique. Il y a deux ans, il a décidé d'échanger son emploi à plein temps dans l'enseignement pour un emploi à temps partiel (60%). "Au début, j'avais l'impression de faire un pas dans la grande inconnue mais, en y réfléchissant après coup, je me dis que c'est la meilleure décision que j’aurais pu prendre. J’ai de nouveau le temps pour me développer au niveau personnel et organiser des ateliers créatifs. Cela me procure une nouvelle source énergie."

Dans le futur, Filip est déterminé à s’émanciper au travers de ses peintures et ses dessins. En avril de cette année, il a tenu sa première exposition en solo. Ces moments où il entre en contact avec son public en tant qu’artiste peintre signifient beaucoup pour lui. "Leurs réactions me poussent à continuer. Je réalise que j'ai encore beaucoup de chemin à parcourir. En tant qu'artiste, vous n'êtes jamais à l’abri. Je ne sais pas où je finirai. Ce que je sais, c'est que ma passion pour l'art me rend heureux."

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(eh) - Photo Ulrike : André Thys

9 novembre 2021
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