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Vos collègues sont-ils également vos amis ?

Peu de véritables amis au bureau

Le début d’une nouvelle année va traditionnellement de pair avec les bonnes intentions. Comme être plus agréable avec ses semblables. Sur le lieu de travail, les Belges sont déjà sur la bonne voie. Presque tous les travailleurs font, selon leurs dires, de leur mieux pour être gentils au bureau. Mais seulement la moitié d’entre eux trouvent que c’est aussi important d’être ami avec ses collègues. Telles sont les conclusions d’une enquête menée par Jobat à l’automne passé auprès de 3.534 Belges.
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Ambiance détendue versus professionnelle

Une atmosphère au travail détendue, joviale semble remporter les faveurs d’une grande majorité de travailleurs belges. A peine 13 % préfèrent une ambiance professionnelle et rigide au bureau, mettant en avant l’atteinte des objectifs et le respect des deadlines. Cette atmosphère détendue, où le professionnalisme froid fait place à davantage de contacts sociaux, ne doit pas signifier que l’on travaille moins dur. Une majorité de travailleurs belges sont convaincus que la gentillesse a en général une influence très positive sur les résultats (87,3%) et sur leur propre carrière (71,5%). En plus, ils sont 91,4% à penser qu’en étant sympathique, on obtient plus facilement quelque chose des autres.

Plus heureux = plus smart

On rejoint ainsi l’hypothèse du « plus heureux = plus smart ». Les gens heureux, optimistes, se montrent plus généreux et sont plus performants. Le travailleur à l’humeur noire, subissant tracas personnels ou autres difficultés, aura des problèmes de concentration au travail.

Les bonnes intentions qui nous animent rejaillissent sur notre environnement : une attitude positive est communicative. Un comportement amical est émotionnellement contagieux. Les gens positifs et sympathiques reportent cela sur leurs collègues. Et il nait en quelque sorte dans l’entreprise un climat de sympathie.

Meilleure collaboration

Est-ce qu’un tel climat amical est propice au travail ? J. Stouten, professeur en psychologie organisationnelle à la K.U.Leuven le pense bien. Il n’est pas du tout convaincu qu’un environnement compétitif pousse davantage les gens à fournir le meilleur d’eux-mêmes. « J’oserais même prétendre le contraire. Les gens ont surtout besoin des autres pour pouvoir exercer leur job comme il faut. Imaginons que vous veniez chez moi pour obtenir une information importante. Dans un environnement compétitif, je serai plus vite tenté de ne pas vous livrer l’info ou seulement partiellement. Ce n’est pas ainsi que vous pouvez accomplir correctement votre travail et que vous pouvez bien prester. Une telle compétition n’est donc pas favorable à l’employeur. »

Par contre, si l’atmosphère au travail est positive, les travailleurs collaboreront main dans la main. Ils seront mieux disposés et s’échangeront plus facilement de nouvelles informations. Stouten constate que l’amabilité est liée à l’aptitude à prendre de bonnes décisions. « Dans une ambiance positive, on s’adresse aussi plus facilement aux collègues et à son supérieur pour demander de l’aide. La prise de décisions importantes en est facilitée et on a une meilleure vue d’ensemble. »

Carrément sympathique

En plus, les gens sympathiques et joyeux vont plus vite prendre l’initiative d’aider un collègue qui en a besoin, même si ce n’est pas de leur responsabilité. « On sera plus généreux envers quelqu’un qui est dans le besoin ou ne peut tenir un délai. Etre serviable vient naturellement servir les résultats de l’entreprise. »

Pas de miracle donc que plus de 95% des travailleurs belges s’efforcent d’être gentils avec leur patron, leurs collègues et leurs subalternes. Un sur dix dit surtout être gentil parce que l’on obtient plus ainsi, 90% sont selon leurs propres dires carrément sympathiques.

Orgueilleux, les travailleurs belges ?

Ce qui est surprenant, c’est que les travailleurs s’accordent eux-mêmes un score de sympathie supérieur que leur patron, leurs clients, leurs fournisseurs, leurs subalternes et leurs collègues. Stouten n’en est pas étonné. « A tous les coups, les gens surestiment leurs propres compétences. On l’observe dans beaucoup de domaines. Chacun pense scorer mieux que la moyenne, qu’il s’agisse de sympathie, de moralité ou de la capacité à trancher. Mais c’est impossible en toute logique. Si chacun est meilleur que la moyenne, nous n’avons plus aucune moyenne. »

« Mais la moralité ou l’amabilité sont des valeurs difficiles à percevoir. Qui êtes-vous ? Quel est votre degré de sympathie ? C’est moins aisé à savoir que votre niveau d’intelligence ou de connaissances. Cela, vous pouvez le mesurer immédiatement avec un quizz. Quelle est la capitale de l’Ouganda, ou un truc de ce style. Si on se mesure sur du relativement flou et peu mesurable, comme la gentillesse, on estimera vite qu’on est meilleur que les autres. »

Amical mais superficiel

Un tiers avoue que les contacts sociaux au travail sont sympathiques mais restent superficiels. « Sympathique » ne signifie pas que l’on est ami. Neuf travailleurs sur dix vont bien papoter avec des collègues mais seuls cinq sur dix trouvent important que leurs collègues deviennent aussi leurs amis.

Les travailleurs entrent en contact avec seize collègues en moyenne par jour. Avec seulement trois d’entre eux, ils parlent de leur privé, et prennent rendez-vous en dehors des heures de bureau avec deux collègues en moyenne.

Plus sympas, les femmes ?

Les femmes sont en général un peu plus sociales que les hommes. Elles s’efforcent d’être sympathiques avec leurs collègues, trouvent plus important de s’en faire des amis et discutent davantage avec eux.

16 % des hommes trouvent que les collègues féminines sont en général plus amicales que leurs homologues masculins. Seuls 9% des femmes partagent cet avis.

Dans le secteur des soins de santé et dans le social, on se sent plus à l’aise au bureau, on s’efforce davantage d’être gentil et on parle plus que dans l’industrie, le commerce, les finances, les télécoms et dans le secteur public.

Si l’ambiance au bureau semble très importante pour la plupart des travailleurs, seuls 16% seraient prêts à renoncer à une partie de leur salaire contre une meilleure atmosphère de travail.

(mo) - (sc) 

23 janvier 2012
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