Souffrez-vous d’un brown-out ?
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Annie Verhaeghe a enquêté sur trois cas d’entreprises bruxelloises pensant instaurer le télétravail pour les assistantes de direction. Malgré toutes les études existantes et de nombreux récits à succès issus de la pratique, le télétravail n’est pas encore véritablement ancré dans les habitudes en Belgique. Pourtant, il y a bel et bien un intérêt certain de la part des collaborateurs : 64% ont envie de l’essayer.
Pour son enquête, Annie Verhaeghe a sélectionné trois organisations désirant, pour des raisons diverses, étudier la faisabilité du télétravail : Umicore, Shurguard et UZ Brussel.
Elle choisit consciemment des entreprises très différentes les unes des autres. Umicore est un groupe international spécialisé en technologie des matériaux. Il a son siège à Bruxelles et se voit confronté à des problèmes croissants de mobilité. Beaucoup de collaborateurs habitent loin de Bruxelles et en ont assez de devoir braver les files au quotidien.
Shurguard est spécialisé dans la location d’espaces de stockage sécurisés et voudrait savoir si le télétravail est une solution à la mobilité des travailleurs du siège européen. Celui-ci doit en effet déménager du centre de Bruxelles vers un bâtiment situé à Grand Bigard et difficilement accessible par les transports en commun.
Pour l’UZ Brussel situé à Jette, le problème se situe au niveau du recrutement d’assistantes de direction médicales. Celles-ci sont difficiles à trouver mais, grâce à un système de télétravail, le métier pourrait devenir plus attrayant, surtout pour les candidates féminines.
Annie Verhaeghe le constate, les assistantes de direction des trois entreprises sont fortement demandeuses de télétravail : de 91% chez Umicore à 50% chez Shurguard.
"Presque tout le monde est intéressé. Si le télétravail était déjà possible au sein de l’entreprise, presque plus personne ne douterait à son sujet et les travailleurs l'ayant déjà pratiqué voteraient en sa faveur."
La distance du domicile au lieu de travail ne joue aucun rôle sur la demande de télétravail. Même celui qui habite relativement près de son bureau souhaite travailler de la maison. Ce qui est étonnant, c’est que la plupart des collaborateurs interrogés ne veulent travailler de chez eux qu’un jour par semaine et de préférence pas un jour fixe. Ils ont peur de perdre le contact avec leurs collègues s’ils restent travailler plus souvent chez eux. Cela semble aussi être la norme chez l’employeur : un jour par semaine et pas plus.
"Beaucoup de managers pensent encore trop souvent en termes de 'command & control'. Ceux-ci veulent donner des ordres aux équipes, leur dire ce qu’elles doivent faire et ensuite contrôler si tout est fait", explique Annie Verhaeghe.
"Avec quelqu’un qui télétravaille, il n'y a pas ce contrôle direct. Pour les assistantes de direction, s’ajoute le fait qu’elles sont le bras droit du patron. Lorsque lui-même n’est pas à son 'poste', il souhaite que son assistante reste pour 'assurer la garde' au bureau."
Les travailleurs interrogés ont une vision très traditionnelle du télétravail, constate Annie Verhaeghe. "Ils veulent travailler selon des horaires standard, un classique 9 to 5 à un endroit fixe, mais à la maison plutôt qu’au bureau. Quand je leur ai demandé quelles tâches ils pensaient pouvoir exécuter à la maison, ce sont principalement les tâches administratives qui sont ressorties : rédiger, réaliser des présentations, entretenir des bases de données… Les travailleurs sont plutôt réfractaires à la collaboration en ligne et aux réunions virtuelles."
Selon le sondage, il est difficile d’en faire une habitude : "Une personne m'a confié qu’elle n’entrait pas en considération pour le télétravail car elle devait utiliser des dossiers du personnel en version papier, ce qui la contraignait à se rendre au bureau. Vérification faite auprès du SPF Sécurité Sociale, il s’avère que les dossiers du personnel en question peuvent tout aussi bien être mis à jour de manière électronique, mais que l’on préfère en rester à la traditionnelle version papier."
Il a beaucoup été question du Nouveau monde du Travail ces dernières années. La Fondation 'Innovation & Travail' décrit celui-ci comme la combinaison du travail sur base de lieux de prestation libres prenant la forme d’open spaces. L’organisation du travail consiste quant à elle en une série d’activités à effectuer et la gestion du personnel met l’accent sur les résultats plutôt que sur le temps de travail.
Les assistantes de direction qu’Annie Verhaeghe a sondées ne semblent pas tout à fait prêtes pour le Nouveau Monde du Travail. Elles sont encore 'dépendantes' du Vieux Monde du Travail : lorsqu’elles travaillent de chez elles, elles estiment encore devoir montrer à tout moment ce qu’elles font et répondre aux emails sur le champ. Le Nouveau Monde du Travail repose quant à lui sur la flexibilité : vous avez un certain nombre de tâches à effectuer en un certain laps de temps, peu importe le moment ou l'endroit où vous les accomplissez. Les travailleurs semblent effrayés de perdre leur place fixe au bureau.
Une des idées préconçues du nouveau monde du travail est que les collaborateurs devraient se montrer disponibles en permanence. "Cette croyance explique la résistance que les syndicats opposent à sa mise en place : ils pensent que les travailleurs doivent rester jour et nuit à leur bureau. Cela ne peut pas en être l’objectif. C'est pour cette raison que certaines entreprises désactivent leurs serveurs le soir."
"Si nous voulons arriver à une mise en place du Nouveau Monde du Travail, il va falloir que les collaborateurs et leurs responsables adaptent leurs visions et approches", conclut Annie Verhaeghe.
(EH) (SC)
2 juin 2015Le brown-out est souvent considéré comme le petit frère du burn-out. En effet, un brown-out qui passe inaperçu vous offre un aller-simple vers le burn-out.
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