Mon patron peut-il me forcer à adopter un mode de vie plus sain ?
Mon patron pense que je mène une vie malsaine et que je suis trop souvent absent. Peut-il me forcer à adopter un mode de vie plus sain ?
C’est un projet test, nuance Hilde Haems, Chief HR Officer chez SD Worx. Et le lancement d’Experience@work la semaine dernière était surtout une déclaration d’intention : il s’agit de faire comprendre que l’on peut traiter l’expérience autrement sur le marché du travail. Mais il y a encore du chemin à parcourir entre les intentions et les actes. Légalement, il n’est par exemple pas possible de s’échanger ainsi les travailleurs.
« Dans un groupement d’employeurs, les travailleurs gardent leur contrat auprès de leur employeur actuel mais vont pour un certain temps travailler auprès d’un autre employeur. Cela se passe en concertation entre toutes les parties, en fonction des aspirations des collaborateurs et des exigences des organisations », détaille Hilde Haems.
Le concept n’est pas neuf. Les groupements d’employeurs existent depuis 2000. Depuis, les entreprises peuvent fonder entre elles un groupement d’employeurs afin de pouvoir engager des collaborateurs en commun.
L’initiative qui est née de l’économie sociale et se destine aux travailleurs faiblement scolarisés tombant sous le chômage, connaît peu de succès jusqu’à présent. Les conditions strictes auxquelles un groupement d’employeurs doit satisfaire, ne sont pas étrangères à ce manque d’enthousiasme.
En outre, le système est à peine connu par les employeurs belges, cela ressort d’un sondage mené par le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI). Dans toute la Belgique, il n’en existe actuellement que quatre. La même enquête relève qu’un employeur sur dix connaît l’existence d’un tel concept.
Pourtant, il y a bien un potentiel pour une telle initiative, estime la présidente du SNI, Christine Mattheeuws : « Si les employeurs prenaient connaissance des avantages d’un tel groupement, six sur dix seraient tentés de participer. C’est pour eux une manière de partager, avec d’autres entreprises, une expertise donnée qui n’exige peut-être pas un plein temps dans leur organisation, ou qui est trop chère. »
Si l’on veut qu’Experience@work soit accessible à tous les travailleurs et à tous les employeurs, nous devons modifier la loi, prétend Hilde Haems. « Le gouvernement s’est engagé à élargir le système à d’autres travailleurs. Le texte du projet est approuvé, mais doit encore être suivi d’un arrêté d’exécution. La question est de savoir ce qui se passera avec les élections. En plus, l’extension semble être encore limitée dans le temps. Ce n’est guère plus qu’un test. »
Si les entreprises derrière la marque Experience@work veulent réaliser leurs intentions communes avant le changement législatif, ils doivent s’y prendre autrement « Echanger les travailleurs n’est à présent possible qu’en remplaçant le contrat actuel par un nouveau qui sera établi avec le nouvel employeur, explique le porte-parole d’Axa, Korneel Warlop.
« Chez Axa, nous avons mené une enquête l’an passé auprès de nos plus de 40 ans et de nos plus de 50 ans. Des résultats de ce dernier groupe, il ressort que nos gens n’ont pas une image claire de leur fin de carrière. C’est aussi pour cela que nous avons besoin d’alternatives comme experience@work. »
Le porte-parole d’Axa le souligne, Experience@worx est ouvert à toutes les entreprises. « Plus d’employeurs y souscrivent, plus de chances sont créées pour les travailleurs âgés. »
Hilde Haems voit plus large : « L’idée derrière ce projet est excellente, alors pourquoi se limiter aux + 50 ans ? Pourquoi les entreprises n’échangeraient pas aussi des jeunes de 20 et de 30 ans s’il se présente des opportunités pour ces derniers ? C’est tout à fait en ligne avec l’échange auquel les travailleurs aspirent de plus en plus souvent au long de leur carrière. Et les employeurs s’en trouvent mieux aussi. Ils ont de nouvelles compétences chez eux de manière très accessible. »
Hilde Haems aimerait que des PME aussi se joignent au projet. Pour celles-ci, c’est une chance à ne pas manquer d’attirer de l’expérience en interne, là où elles auraient dû attendre longtemps. »
Le partage de travailleurs continuera de susciter des questions même après l’entrée en vigueur du nouvel arrêté royal », affirme Hilde Haems : « Que faisons-nous du salaire, de l’assurance groupe, des frais etc. si un travailleur entre au service d’une autre entreprise ? En pratique, cela n’ira pas tout seul. Mais je le considère avant tout comme un projet test, et je suis curieuse d’en connaître l’évolution. »
Experience@Work vient d’être nominé pour l’European Social Innovation Award 2014. Le projet figure à la liste des 10 finalistes sur un total de 1.254 projets européens axés sur l’innovation sociale.
(wv/sc)
30 mai 2014Plus de 440.000 utilisateurs recoivent nos astuces
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