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Le management théorique, une supercherie ?

Près de 15 000 livres ont cherché à tout nous expliquer sur le management. Dans le sien, Jos Verveen dénonce l’approche formelle qu’on fait de cette « matière ». Un pavé jeté dans un océan, mais qui risque bien de faire quelques ricochets… Son ouvrage, Bullshit Management est déjà bestseller aux Pays-Bas.
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Ces dernières années, un courant de critiques de l’approche théorique du management a émergé dans les pays anglo-saxons. Des idées interprétées aujourd’hui par le néerlandais Jos Verveen. Selon cet ancien consultant en communication, les livres qui incitent à suivre des modèles de management définis font fausse route : « Ils vous font croire que le management est une science, mais il n’existe pas un seul schéma qui soit valable pour tous », analyse-t-il. « Durant toute ma carrière, je n’ai jamais trouvé un schéma qui fonctionne systématiquement ».

Des théories erronées ?

Depuis plus d’un siècle les théoriciens s’attachent à formaliser le management. Pour Jos Verveen, il faut au contraire suivre sa propre voie : « vous pouvez tout aussi bien élaborer votre propre logique. Cela fonctionnera sûrement mieux qu’une méthode sortie d’un livre ».

Martin Delemotte, ingénieur en systèmes d'information des entreprises, va lui jusqu’à affirmer que l’essence même des théories est souvent inexacte : « Les sciences du management ont une histoire particulièrement chargée en matière de recherche erronée devenue populaire », explique-t-il. Pour appuyer ses propos, Martin Delemotte s’appuie notamment sur les travaux de Taylor. Selon lui, les conclusions du célèbre théoricien de l’organisation scientifique du travail « reposent sur des expériences dont les résultats furent "ajustés" entre 20 et 225% ».

Remettre en question le leadership

Parmi les cibles des critiques du management théorique figure bien haut la sacralisation croissante du rôle du leader. « On entend souvent que les dirigeants ne doivent pas s’affairer avec les détails », s’étonne Jos Verveen. « Ils doivent déléguer, bâtir des équipes qui s’autogèrent et faire jaillir de nouveaux projets. C’est très bien, mais Steve Jobs d’Apple a réussi à faire grandir son entreprise en interférant lui-même dans tous les détails ».

L’exemple des selfs made men

A l’instar de Steve Jobs de nombreux hommes d’affaires comme François Pinault (Pinault Printemps Redoute) ou Amancio Ortega (créateur de Zara) ont su imposer leur vision sans forcément passer par la case études. Le meilleur exemple étant sans doute Ingvar Kamprad, le créateur d’Ikea et inventeur du meuble en kit. Vendeur d’allumettes et de semences durant sa jeunesse, cet entrepreneur dans l’âme a réussi à bâtir l’empire commercial que l’on connaît en suivant sa propre conception de l’entreprise et en s’appuyant sur son expérience personnelle.

Le management, un business lucratif ?

Avant Jos Verveen, d’autres se sont attaqués à la théorisation du management. Déjà en 1997, les américains Jeffrey Pfeffer et Robert Sutton écrivaient Faits et foutaises dans le management. Un type d’ouvrage à l’écho plutôt limité jusqu’à présent.

La faute au système ? Il est vrai que le business autour du management est aujourd’hui énorme : écoles, revues, consultants… De nouveaux concepts sont chaque jour propagés vers un public de plus en plus large. Et Jos Verveen de constater : « La propagande est telle que je ne me fais pas d’illusions : il sera difficile de renverser la vapeur. J’espère juste que les gens vont tirer les leçons de la crise financière et qu’ils seront désormais plus ouverts à mon message ».

L’auteur néerlandais peut commencer à se rassurer : son ouvrage est numéro 1 des ventes en livres de gestion dans son pays.

28 août 2011

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