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« Je suis redevenu coach après mon burn-out. Cela me rend heureux ! »

La semaine de travail de 3 jours, une initiative envisageable ?

"Une semaine de travail raccourcie serait pour beaucoup une solution idéale, pour autant que les entreprises fassent preuve d’assez d’imagination pour instaurer un système efficace" - Michael Skapinker, journaliste pour le Financial Times
Carlos Slim est un milliardaire mexicain. Lors d’une conférence professionnelle au Paraguay, il prétendit que la semaine des 3 jours était le modèle de travail du futur. Bonne idée ? SD Worx n’en est à priori pas convaincu.
"Une semaine de travail raccourcie serait pour beaucoup une solution idéale, pour autant que les entreprises fassent preuve d’assez d’imagination pour instaurer un système efficace" - Michael Skapinker, journaliste pour le Financial Times

Selon Slim, la semaine raccourcie serait une solution parfaite tant pour les travailleurs que pour les entreprises, et même pour la société en général.

Moins de jours, mais plus d'années

Aux dires de Carlos Slim, CEO de l’opérateur télécom mexicain America Movil, les travailleurs n’ont plus vraiment d'intérêt à partir à la retraite à 50 ou à 60 ans. En effet, à cet âge-là, ils ont encore un tiers de leur vie devant eux. Pour l’entrepreneur mexicain, nous devrions à l’avenir continuer à travailler jusqu’à nos 70 ou 75 ans, tout en pouvant opter pour une semaine de travail de trois jours, quitte à travailler 11 heures par jour si nécessaire.

Michael Skapinker, journaliste au quotidien britannique Financial Times, est pour une telle alternative : "Une semaine de travail raccourcie serait pour beaucoup la solution idéale, à condition que les entreprises aient suffisamment d’imagination pour instaurer un tel système avec efficacité." Selon lui, si la semaine de travail des 5 jours semble normale, c’est que la plupart n’ont encore jamais rien connu d’autre. "Dans de nombreuses parties du monde, le samedi et le dimanche sont des jours fériés. Mais le personnes d'un certain âge s’en souviennent encore : jadis, il fallait travailler le samedi matin."

Plus de temps pour la détente

"En travaillant trois jours par semaine, nous aurions plus de temps disponible pour nous détendre et améliorer notre qualité de vie. Une période de quatre jours fériés devrait grandement contribuer à développer ses hobbies ou ses loisirs."

Même la coach en carrière Katrin Van de Water trouve l’idée excellente : "Je suis convaincue que davantage de flexibilité serait une opération win win tant pour le travailleur que pour l’employeur." Elle l’affirme, travailler moins devrait avoir un effet sur notre bonheur. Cela permettrait de consacrer plus de temps à la famille, à la santé, aux contacts sociaux, au développement personnel voire à une activité complémentaire telle le volontariat. En résumé, une nouvelle plage horaire est disponible pour combiner travail et lifestyle. De plus, il devient dès lors possible de prendre le temps de s’interroger sur des questions fondamentales de la vie telles "qui suis-je ?", "qu’est-ce que je souhaite être ?", "quelle est la vie dont je rêve ?", etc.

Moins de burn-outs

Les absences liées aux maladies diverses devraient s’en trouver réduites et la productivité devrait en être améliorée. Même le nombre de burn-outs et de bore-outs diminuerait. Cela épouse à la perfection le concept du Nouveau Monde du Travail, mais demande toutefois un changement de mentalité : le travail doit être organisé autrement, afin que l’activité puisse continuer sans que le collaborateur ne soit présent en permanence. Les systèmes et les processus devront être repensés pour assurer les back-ups nécessaires.

Salaire plus ou moins élevé ?

Slim suggère que les travailleurs reçoivent le même salaire pour une semaine de 3 jours que leurs collègues exerçant un travail à temps plein. Cela ne semble cependant pas envisageable pour un employeur. La liberté a son prix, le travailleur en bénéficie mais ce n’est pas à l’employeur de la financer, et ce n’est pas réaliste à long terme, rétorquent d’autres.


"Dans l’entreprise de télécom de Carlos Slim, les travailleurs ayant l’âge conventionnel de la retraite ont l’opportunité de switcher vers un autre système : celui du maintien du salaire contre la semaine de quatre jours", explique Skapinker, journalise pour le Financial Times. "Nombreux seraient même adeptes d’une semaine de travail raccourcie contre un salaire moindre, pour autant que les prestations ne grimpent pas jusqu’à 11 heures par jour, comme le prédit Slim."


Pour les entreprises, la semaine raccourcie peut être un moyen de garder une précieuse expertise, tout en réalisant des économies sur le coût du travail. La pratique nous apprend qu’en réduisant notre semaine de travail, nous pouvons mieux nous concentrer sur notre mission et nous organiser autrement.

Changement de mode de vie

Pour profiter des avantages d'un tel système, un changement dans la manière dont nous pensons le management s’impose. Il nous faut comprendre qu’actuellement, nous "gaspillons" une grande partie de notre temps de travail au bureau. De plus, les employés devraient être évalués sur leur productivité et non sur leur présence. "Les managers doivent véritablement comprendre que le mode de vie a changé", pointe encore Skapinker. "Nous vivons plus longtemps, sommes en meilleure santé et avons d’autres aspirations que notre carrière professionnelle. Nous devons en tenir compte. L’idée de Carlos Slim s’inscrit parfaitement dans la tendance sociétale actuelle."

Soucis législatifs en Belgique

Est-il réaliste d’envisager l'instauration de la semaine des 3 jours en Belgique ? Il y a déjà certaines barrières législatives. Travailler 38 heures en l'espace de 3 jours n’est pas envisageable dans notre pays. "Les travailleurs ne peuvent prester plus de 9 heures par jour", déclare Koen Magerman, senior consultant du centre de connaissances de SD Worx. "Avec trois journées de 9 heures, nous n’arrivons pas à une activité à temps plein qui est généralement de 38 heures. En travaillant plus de 9 heures par jour, le travailleur tombe dans le système des heures supplémentaires.


Celles-ci sont légalement interdites." Des exceptions sont parfois accordées, mais les heures supplémentaires doivent être honorées d’indemnités complémentaires. "Travailler systématiquement plus de 9 heures par jour est donc impossible en Belgique", conclut-il.


Dans l’industrie, il est parfois toléré de travailler 11 ou 12 heures deux jours d'affilée. "Pour cela, il faut suivre une procédure spécifique autorisée que si c’est techniquement nécessaire. Exemple classique : un système fonctionnant en continu dans un haut fourneau, où il est difficilement possible de laisser place au repos", détaille Magerman.

Par ailleurs, des prestations de 3 journées de 8 à 9 heures rentrent dans le régime du temps partiel, lequel est naturellement lié à une perte de salaire. Structurellement, cela ne serait donc jamais applicable.

Obligations de résultats plutôt que compter ses heures

Même indépendamment des contraintes législatives, le concept de la semaine des 3 jours ne correspond pas, selon SD Worx, à la direction que nous poursuivons. "Il s'agit d'une proposition très traditionnelle. Cela tourne toujours autour du total d’heures à prester, mais dans ce cas-ci sur un nombre de jours réduit ", soutient Sven De Cremer, qui travaille sur le sujet des carrières durables auprès de SD Worx. "Nous évoluerons vers le Nouveau Monde du Travail reposant sur l’obligation de résultats et non sur le nombre d’heures à prester."


En tant que travailleur individuel, vous allez conclure un engagement avec votre employeur : un résultat déterminé à atteindre, achever x dossiers, entrer x contrats commerciaux… Et ce peu importe le temps ni le lieu ni la manière que vous utiliserez pour y parvenir. Que vous travailliez 6 jours uniquement le matin, prestiez une semaine de 4 jours intenses, ou décidiez de travailler une semaine selon le classique 9 to 5 parce que c’est votre tour d’assurer la garde alternée de vos enfants, peu importe ! Tel serait le Nouveau Monde Travail vers lequel nous nous tournerions."


Il reste cependant encore beaucoup d’employeurs (et de travailleurs) n'étant pas prêts de faire le pas. "Cela exige une certaine maturité dans l’organisation, chez le supérieur et chez le collaborateur lui-même. Les objectifs et la frontière vie privée-vie professionnelle doivent être établis de manière consensuelle. Dans un tel système, vous devez pouvoir annoncer à votre chef : 'Ces coups de fil ou ces mails, je les donnerai demain, j’en ai assez fait pour aujourd’hui. A présent, je veux passer du temps avec les enfants ou aller faire du sport.' Le but n’est en effet pas de rester toujours disponible ou présent au bureau en permanence."


Selon SD Worx, la semaine de 3 jours n’est donc pas un modèle d’avenir. "Cela reste un système de comptage d’heures, alors que nous évoluons vers un contrat individuel couplant une obligation de résultat à un salaire donné pour chaque travailleur. Si, en tant que collaborateur, vous pouvez y arriver en moins d’heures, c’est tout bénéfice pour vous et personne ne vous en fera le reproche", clôture De Cremer.

(EH) (SC) 

9 septembre 2014
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