La satisfaction du collaborateur fait-elle partie du passé ?

L'idée selon laquelle un travailleur qui n'est pas motivé n'est pas productif, est un mythe. (Astrid De Lathauwer, Directrice générale Acerta Consult)
Selon CNN et le magazine Fortune, la blogueuse américaine Laurie Ruettimann, mieux connue en ligne sous son surnom « The Cynical Girl », compte parmi les cinq blogueurs les plus influents des États-Unis dans le domaine des RH. Lorsqu'une de ses lectrices lui a demandé comment se comporter avec un dirigeant démotivé qui se souciait peu de son bien-être personnel, elle lui a fermement répondu que l'engagement n’était plus d’époque.
L'idée selon laquelle un travailleur qui n'est pas motivé n'est pas productif, est un mythe. (Astrid De Lathauwer, Directrice générale Acerta Consult)

« Il existe un réel fossé problématique entre la véritable nature du travail et les valeurs utopiques qui vous sont vendues par divers orateurs, vendeurs et autres scribes. L'idée selon laquelle un travailleur qui n'est pas motivé n'est pas productif, est un mythe. Et maintenant que notre modèle de travail est de plus en plus basé sur des projets, la pertinence de cette question décline tout autant. Êtes-vous quelqu'un qui sait se gérer lui-même et est de nature aimable de manière générale ? Êtes-vous capable d'exécuter la tâche X, Y, ou Z ? Êtes-vous prêt à mettre votre rémunération en jeu si vous ne réussissez pas à boucler ce projet ? Voilà la façon de travailler de l'avenir ! Il est grand temps de considérer votre carrière comme un contrat de vente, plutôt que de rêver d'un endroit où vous pouvez vous épanouir : l'entreprise parfaite avec un patron parfait. Cette époque sera bientôt révolue », écrit Ruettimann sur son blog.

Je ne peux que contredire ces propos. Il est de plus en plus important de créer de l' « envie » sur le lieu de travail, surtout auprès des jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi. Les sociétés vont devoir apprendre à créer des liens différents et meilleurs avec ces travailleurs. En effet, ceux-ci ne viendront plus travailler de neuf à dix-sept heures tous les jours pendant vingt ans. Ils vont, partent et reviennent. Ils apportent leur contribution une fois sur une base fixe, puis de nouveau en tant que freelance. Et ils entretiennent un tas d'autres activités et obligations en-dehors de leur travail. Le lien qui existe entre eux et leur société doit donc se situer à un niveau plus profond, plus émotionnel.

Afin de servir de structure au livre de Saskia Van Uffelen au sujet de l'évolution de l'environnement de travail à travers quatre générations, nous avons interrogé 2000 travailleurs belges sur leur vision du travail. Il ressort de cette enquête que les collaborateurs âgés de moins de 35 ans attachaient beaucoup d'importance aux contacts sociaux au travail : 88 % d'entre eux veulent passer leur pause déjeuner avec des collègues et 81 % aiment participer à des activités organisées par la société (team building, fêtes, etc.). Pour les générations précédentes, ce chiffre est inférieur.

La satisfaction du collaborateur est donc loin d'être morte. Bien au contraire, elle ne fait que prendre de l'importance. Mais les attentes des collaborateurs évoluent et deviennent plutôt sociales et émotionnelles. Il n'est plus possible de leur faire avaler n'importe quoi avec pour unique motivation un emploi stable et une rémunération correcte leur permettant de rembourser leur emprunt immobilier. Les sociétés feraient mieux de s'y préparer, ou elles courent en effet le risque de n'attirer que des collaborateurs qui se considèrent comme des objets de vente, rendant la construction d'une relation durable assez peu probable.

Concevoir le travail comme une partie d'un contrat de vente n'est vraiment pas la bonne solution !

(adl) 

25 mars 2014

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