Gagner 500.000 euros en 4 mois ?
Gagner 500 000 euros en 4 mois ? "Génial ! Quand puis-je commencer ?", c’est ainsi que réagiraient la plupart d’entre nous, n’est-ce pas ? Eh bien, il semble qu’il vous faille d’abord devenir un "intérimaire européen officiel" pour y arriver.
Après les dernières élections, certaines places se sont libérées au Parlement Européen et celles-ci devaient très rapidement trouver preneur. Plusieurs nouveaux commissaires temporaires ont donc été désignés. L’Italien Ferdinando Nelli Feroci, la Luxembourgeoise Martine Reicherts, le Polonais Jacek Dominik et le finlandais Jyrki Katainen. Le magazine allemand Der Spiegel a calculé leur salaire…
Prenez votre calculatrice
Les membres de ce quatuor perçoivent chaque mois sur leur compte en banque un salaire de quelque 20.832 à 23.147 euros, et seront remplacés le 1er novembre. Comptez un peu ce que cela donne. Ajoutez encore 2 mois supplémentaires de salaire à titre d’indemnités d’expatrié et 15% du salaire en tant qu’indemnités de séjour. Cela vous fait déjà une sympathique petite somme d'argent. Mais ce n’est pas tout ! Ajoutez les frais de représentation mensuels (allant jusqu’à 1.418 euros) que le commissaire reçoit à titre de frais divers, comme par exemple l'achat de vêtements.
Entretemps, ces officiels européens construisent leurs droits à la pension qui s’ajoutent bien sûr à la somme mentionnée précédemment. Il s'agit d'un avantage octroyé à tous les membres de la Commission. Celui qui siège 4 mois maintient pendant 3 ans son droit à 40% de son salaire de base. Ce qui représente in fine un montant de quelque 300.000 euros. Pas mal pour un job d'intérim !
Système d’indemnités sous les critiques
Rien d'étonnant à ce que cette logique d’indemnités suscite des réactions à tout bout de champ. La Commission réfute tout commentaire en disant qu’il est nécessaire d’offrir de tels montants : comment attirer les meilleurs talents si l’on a pas de salaire compétitif à proposer ? Dans le monde financier et commercial, les salaires sont encore bien souvent supérieurs.
Pieter Cleppe, responsable du thinktank Open Europe, trouve ces salaires scandaleux. A ses yeux, le système de rémunération actuel nuit à la réputation de l’Union Européenne. Un commissaire peut gagner beaucoup selon lui, mais les indemnités actuelles sont tout simplement exagérées. « Je n’ai rien contre le fait que les officiels gagnent beaucoup d'argent. Mais lorsque les milliers de personnes travaillant sous leurs ordres gagnent plus que les Chefs d’Etat des Etats membres, fondamentalement, ce n’est pas correct. Cela ne fait qu’indiquer ceci : les officiels européens ne comprennent pas que leur comportement nuit à l’image de l’UE. »
"Salaires bruxellois"
Ce n’est pas la première fois que l’on formule des critiques à l'égard de l’UE et des dits "salaires bruxellois". Dennis De Jong, membre néerlandais du parlement européen, a déjà tiré la sonnette d’alarme lors de l’augmentation des indemnités en 2012. Il plaidait alors pour l’alignement des salaires bruxellois sur ceux des autres états membres tels que les Pays-Bas et l’Allemagne. Ce qui nécessiterait de diviser les salaires par deux. Il veut aussi revoir la prime d’expatriation et les indemnités de séjour.
Mais Cleppe ne veut pas non plus être incompris en s’insurgeant contre les augmentations de salaire et le pouvoir qui y est associé : « Les augmentations de salaire de 2012 créent un véritable problème. A maintes reprises, il a été prouvé que l’Union Européenne devenait une caste purement administrative. Les véritables détenteurs du niveau de gouvernance, à savoir les Etats-Membres, en perdent le contrôle.
(EH) (SC) Source : Express.be
30 septembre 2014