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Le précariat, issu des mots prolétariat et précaire, est selon Standing une classe en formation. Le Britannique désigne de cette manière le nombre croissant de travailleurs qui ne trouvent plus leur place entre les classes moyennes et ouvrières. Caractéristique principale du précariat décrit par Standing : les jobs souvent temporaires n’offrent pas aucune chance de développer une identité professionnelle.
Dans un climat d’insécurité d’emploi, les perspectives de croissance viennent à manquer, la mobilité sociale est, aux yeux de Standing, une illusion. « Une fois plongé dans le précariat, vous avez peu de chance de vous en sortir par vous-même », prétend-il.
La bureaucratie à laquelle on est confronté avec toutes les pertes de temps qui lui sont propres, lorsque l’on veut obtenir une indemnité ou décrocher un nouveau job, conduit, selon Standing, à l’aliénation. Le ‘work-for-labour’ demande beaucoup de temps. « On parle bien de dérégulation mais sur le terrain, on en rencontre peu. »
Standing aime à répéter dans son discours une dimension préoccupante : dans le climat économique actuel, tomber dans le précariat, cela peut arriver à tout le monde. Même ceux qui n’ont à priori pas de souci à se faire pour leur travail peuvent être victimes du bag lady syndrome : une panique imprévisible qui fait que l’on se retrouve à la rue à la suite d’une faute ou un échec. L’expression réfère à l’image de la femme sans-abri traînant toutes ses affaires personnelles dans un sac. Cette atmosphère d’angoisse continue est cruciale selon l’économiste. « Une fois tombé dans le précariat, vous n’avez plus jamais l’esprit tranquille. »
Mais des travailleurs plus âgés, le troisième âge qui bénéficie d’une petite pension et ceux qui ont quitté l’école bardés de diplômes, tombent aussi sous le concept de Standing. Dans une économie globalisée, il y a toujours plus de travailleurs qui s’expatrient, mouvement souvent dicté par le régime du pays d’origine.
Grosso modo, Standing fait donc référence aux groupes qui ressentent le plus les impacts de la globalisation et de la crise économique. « Le précariat n’a pas droit à des aspects aussi vitaux que le temps, l’argent, l’espace et la sécurité. » Dans ce sens, le précariat du 21è siècle ressemble au prolétariat du 19 è et du 20 è siècle, même si Standing ne voit pas seulement des victimes. Il y a un petit groupe qui ne voit pas tout de suite l’insécurité d’emploi comme un problème, profitant en revanche de la relative liberté que cela leur offre.
Standing est passé récemment à Bruxelles en tant qu’invité principal du premier Labour Market Seminar de Randstad. Si un géant des RH invite un orateur qui classe les jobs temporaires parmi les symptômes de l’existence du précariat, on peut déjà se dire que ce n’est pas une visite de courtoisie.
Standing pointe les exigences de flexibilité adressées par le marché de l’emploi actuel. Pour lui, c’est clairement lié à la hausse des jobs temporaires et de l’intérim. Un groupe toujours croissant de personnes passent d’un job temporaire à l’autre. La flexibilité voulue amène des inégalités de salaire. La sécurité d’emploi est pour ces personnes tout bonnement hors de portée.
Jan Denys, expert en marché du trvail auprès de Randstad, est critique à son sujet. « J’admets qu’il a un discours arrogant, mais en réalité, c’est en cours. Le concept du précariat global est tellement large qu’il en devient flou. Pour donner un exemple, une autre invitée voit le système belge des titres services comme la solution idéale pour le personnel de maison indien pour lequel elle s’investit. En Belgique, considérerions-nous ces personnes qui travaillent via les mêmes titres services comme relevant du précariat selon la définition de Standing ?
Denys : « L’accroissement du nombre de jobs temporaires dont Standing parle, je ne le retrouve pas dans les statistiques. Entre 1985 et 2010, les chiffres d’Eurostat montrent une hausse de 9%. Ce n’est pas l’explosion de l’emploi temporaire que condamne Standing. »
11 mai 2012Plus de 440.000 utilisateurs recoivent nos astuces
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