A quel point le team building est-il efficace ?
"Si vous descendez tous ensemble dans une grotte, il apparaît souvent que le CEO a tout aussi peur que ses employés" (Martin Euwema, professeur de psychologie organisationnelle à l'Université de Louvain).
Qu'il s'agisse d'un repas entre collègues ou d'un saut en parachute avec l'ensemble du département, de nombreuses entreprises organisent des activités de team building. Cela fonctionne-t-il vraiment ?
Organiser des animations entre collègues afin qu'ils collaborent plus facilement les uns avec les autres... Le team building occupe une place non négligeable dans le monde des affaires. Certaines entreprises se contentent de choses relativement simples (visite de la ville de Bruges) tandis que d'autres optent pour une approche plus aventureuse (rafting, paintball, saut en parachute). Le fait de savoir si cela fonctionne est sujet à discussion. Une étude menée par l'Université de Chester a récemment conclu qu'il n'y avait pas de lien entre ces activités et la dynamique de groupe.
Toutefois, selon les analystes, la méthodologie utilisée ainsi que le faible taux de répondants auraient abouti à des conclusions prématurées. De plus, Martin Euwema, professeur de psychologie organisationnelle à l'Université de Louvain, observe une série d'avantages dans les activités de team building. Pour autant qu'il s'agisse de plus qu'une simple journée passé à l'extérieur. "Les bonne activités de team building doivent tenir compte de tous les participants. Chacun doit se sentir impliqué, avoir des objectifs clairs et des défis à relever. Plus important encore, il faut réfléchir après avoir effectué l'activité et voir ce qu'il est possible d'en retirer au niveau professionnel."
Extrême ?
L'activité doit-elle être extrême en matière de sensations ? Le professeur ne veut pas faire de généralités. "Il peut être intéressant de modifier le contexte de base dans lequel le groupe a l'habitude d'évoluer. Un autre environnement peut ainsi être utile et faire en sorte que tout le monde soit sur le même pied d'égalité. Si vous descendez tous ensemble dans une grotte, il apparaît souvent que le CEO a tout aussi peur que ses employés. Vous apprendrez à connaître les gens sous différentes facettes."
Le choix de l'activité dépend principalement du type de groupe, de l'énergie qui y règne et des objectifs que vous voulez atteindre, explique Martin Euwema. "Si vous optez pour des sensations fortes, il y aura non seulement une pression sociale mais églament une peur d'un point de vue physique. Pour bon nombre de personnes, il s'agit d'un gros obstacle. La pression d'un groupe dans le but de forcer une participation ne mène à rien. D'autre part, les entreprises doivent veiller à ce que le teambuilding soit plus qu'un simple voyage aux frais de l'entreprise. Cela risquerait à conduire à de la jalousie de la part d'autres personnes."
Saut à l'élastique
Afin d'organiser leurs activités, la plupart des employeurs font appel à des entreprises spécialisées. 'Outward Bound', basée à Louvain, est l'une d'entre elles. "L'objectif de chaque team building est d'apporter des modifications durables au sein des équipes", explique le directeur Yves Verraes. "C'est bien plus qu'une simple escapade que l'on oublie après une heure de temps."
Yves Verraes voit des avantages dans les épreuves physiques, pour autant qu'il ne soit pas question d'excès. "L'idée est de sortir de sa zone de confort et d'évoluer dans une zone d'apprentissage, pas dans une zone de panique. Vous pouvez être émotionnellement touché par une activité, vous vous en souviendrez plus longtemps mais il ne faut jamais en faire de trop. Tout dépendra des objectifs et de la capacité du groupe. Si vous allez trop dans l'extrême, vous risquez de perdre la moitié du groupe avant que l'activité n'ait commencé. Ce n'est pas le but."
Il y a également d'autres problèmes avec des activités extrêmes. "Je me demande par exemple quels sont les thèmes que vous pouvez mettre en avant en choisissant une activité comme le saut à l'élastique. Cela demande du courage et une prise de risques, mais il n'y a pas vraiment d'autres éléments favorisant la cohésion de groupe que vous pourriez réutiliser par le suite dans votre entreprise. Je veille également à exclure tous les risques en matière de sécurité, il s'agit d'un point extrêmement important à mes yeux."
(eh/jy) – Source : MARK Magazine
31 janvier 2020