Suite à un burn out, Ann et Lieve se sont rendues au centre Kompas et racontent en exclusivité leurs expériences. Celles-ci préfèrent garder l'anonymat car, de nos jours, un burn out est encore trop souvent considéré comme un signe de faiblesse. Enfin, elles ne souhaitent pas non plus mentionner le nom de leur employeur ni apparaître dans le journal.
Ann travaille dans la formation et la recherche pour une organisation active dans le secteur social. Au mois de juin de l'année passée, elle a été victime d'un burn out. "J'étais fatiguée en permanence et devais tout de même me réveiller le matin. J'avais déjà connu des périodes de rush mais là c'était différent. Le plus effrayant est de constater que votre esprit et votre mémoire ne fonctionnent plus correctement. Il m'est arrivé de prendre deux minutes pour me souvenir du prénom de l'un de mes enfants ou de ne plus savoir où je me trouvais sur la route pour aller chez mes parents alors que je connais le chemin par cœur."
Lieve travaille pour un organisme qui dispense des formations. Suite à l'acquisition d'autres sociétés, elle reçut de plus en plus de responsabilités. "A la fin, j'avais 19 personnes en-dessous de moi, le tout dans différentes équipes et lieux de travail. J'accusais le coup car c'en était trop. J'ai donné des signaux mais la direction ne pouvait changer quoi que ce soit. Les entreprises surfent de plus en plus sur la tendance de faire plus avec moins de personnes. C'est exactement ce qui s'est passé dans mon cas." Lieve fut également victime de fatigue chronique : "Je ne dormais jamais plus de 4 heures par nuit. Dès que je me réveillais, je commençais à me soucier de mon travail."
Selon Anne Trio, employé au sein du centre Kompas, l'épuisement chronique est l'un des signes les plus clairs du burn out. Une telle maladie n'apparaît pas du jour au lendemain, une longue période de stress et de surmenage précède souvent son apparition.
Les personnes atteintes de burn out sont souvent passionnées et très exigeantes vis-à-vis d'elles-mêmes. Cela rend d'autant plus difficile pour elles d'accepter qu'elles ne peuvent plus travailler.
Lieve a d'abord rendu visite à son médecin traitant pour lui demander des somnifères. "J'avais entendu des histoires au sujet de personnes qui ne quittaient plus leur lit mais je pensais que mon cas était beaucoup moins grave. Je me disais que si cela me permettait de dormir une bonne nuit par semaine, cela ne me ferait pas de mal. Le médecin m'a directement arrêté dans mon élan en m'a prescrit un mois de congé maladie. J'ai donc directement appelé le centre Kompas pour prendre rendez-vous car je souhaitais reprendre mon travail au plus vite. Dès ma première entrevue, je suis rapidement retombé les deux pieds sur terre. Un burn out ne se guérit pas en quelques semaines."
Ann pensait que quelques semaines de congé maladie suffiraient pour récupérer. Cela prit finalement six mois. "Ensuite, j'ai longuement caché à mes amis que j'étais victime d'un burn out car je n'en étais pas fière. J'étais toujours la personne capable de tout gérer et, tout à coup, les rôles s'inversaient. A un certain moment, vous êtes forcé d'admettre tant aux autres qu'à vous-même que la situation est plus grave que ce dont elle en a l'air."
L'approche de Kompas se déroule en trois étapes. La première phase tourne autour du fait d'accepter le burn out et de se créer un espace de repos bien mérité. La deuxième phase consiste en l'analyse et la compréhension des facteurs ayant causé l'épuisement professionnel. "Cela m'a permis d'apprendre énormément sur moi-même", raconte Ann. "Combien j'étais exigeante vis-à-vis de moi-même, le nombre de règles que je m'imposais. Je voulais le bien de tout le monde et que mon entourage soit satisfait dans son ensemble. Lors des sessions au centre Kompas, j'ai souvent été confronté à ma manière de penser qui était erronée. Je devais vérifier si tous mes collègues étaient heureux, ce n'était naturellement pas le cas. Vous vous entendez toujours mieux avec certaines personnes que d'autres, ce qui est normal. Pourquoi dès lors vouloir à tout prix que tout le monde vous aime ?"
Kompas travaille au travers de sessions individuelles et colectives. "Je trouve cette combinaison excellente. Cela permet de travailler sur mesure et, si vous ne souhaitez pas raconter quelque chose devant l'entièreté du groupe, vous n'en êtes pas obligé."
La troisième phase vise à préparer la réinsertion. Si rien ne change au sein de l'environnement de travail, le risque de rechute est important. "Kompas m'a bien préparé pour planifier une conversation avec ma responsable ainsi que mon patron. Mettez sur papier ce que vous voulez dire afin de ne rien oublier, et communiquez ouvertement ce qui ne va pas au sein de l'organisation. Je n'étais pas la première à être victime d'un burn out. Il m'ont écouté mais, dès que je me suis remise au travail, rien n'avait changé. Que du contraire, j'avais encore plus de dossiers à traiter qu'auparavant."
Ann a donc décidé de chercher un autre emploi. "Ce n'est pas une décision facile à prendre, notamment d'un point de vue financier. Avec trois enfants étudiants et un seul revenu, cela peut s'avérer compliqué. Attendre que mes enfants aient terminé leurs études pour changer de travail n'était pas concevable." Kompas assiste désormais Ann dans sa recherche d'emploi. "Ils me font réfléchir sur ce en quoi je suis douée, ce que j'aime faire et m'encouragent à aller dans cette direction. Sans l'intervention de Kompas, je n'aurais jamais pris une telle décision."
Pour Lieve, la réintégration s'est passée de manière nettement plus positive. "J'ai communiqué à mon patron ce que j'aimais faire et ne pas faire. Je ne souhaite plus donner d'ordres aux équipes mais être éngagée dans des processus et des projets. J'ai eu beaucoup de chance car une telle position était disponible. Il s'agissait de la pièce manquante du puzzle. Pour être honnête, j'avais un peu peur de la réaction de mes collègues mais j'avais tort : j'ai eu droit à un accueil chaleureux de leur part. Au début de mon burn out, j'étais en colère contre moi-même et contre mon employeur car j'avais donné suffisamment de signaux. Avec un peu de recul, je suppose que cela devait arriver. Je n'exercerais pas mon emploi actuel s'il ne s'était rien passé il y a six mois. J'essaye désormais de ne plus trop me précipiter et j'écoute mieux ce que mon corps a à me dire. En fait, j'ai eu besoin de ce burn out pour que cela me vienne à l'esprit."
(eh/jy) – Plus d'informations sur www.loopbaankompas.be
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