Quel est le job qui me convient?
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« En tant que préparateur physique d'une équipe de football, on gagne beaucoup moins que les joueurs. Mais je n'ai pas à me plaindre »

Tout ce que vous devez savoir sur le métier de... pilote

Il y a beaucoup d'histoires de cow-boys autour de la profession de pilote. Mais qu'est-ce qui est vrai dans tout cela ? Les pilotes gagnent-ils vraiment autant que nous le pensons ? Libre comme un oiseau, mais à quel prix ?

Nous avons discuté avec Filip Vanbiervliet, un pilote de ligne comptabilisant 30 années d'expérience aux commandes des plus gros avions (Boeing 737, Airbus 310 et 330 et McDonnell Douglas MD-11). Celui-ci nous donne un aperçu réaliste du métier du pilote.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir pilote ?

A l’âge de sept ans, j'ai reçu un modèle d'avion miniature. Le fait que l'avion puisse voler dans le ciel m’est apparu comme magique. J’ai directement su que je deviendrais pilote plus tard. Ce sentiment a perduré jusqu’à mon seizième anniversaire où j’ai commencé à me former pour voler dans les airs. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, le virus de l’aviation ne m’a jamais quitté.

Les formations de pilote ont la réputation d’être très difficiles et onéreuses. Comment cela s’est-il passé pour vous ?

En 1984, je suis allé à l'école de l'aviation civile qui était à l'époque gérée par la Sabena. La formation était alors financée par l'état mais uniquement réservée aux meilleurs candidats. Sur les 1 000 étudiants inscrits aux tests théoriques d'admission, 60 ont pu participer aux tests cognitifs, médicaux et psychologiques. À la fin du processus de sélection, le 20 meilleurs éléments ont directement pu commencer à travailler pour la Sabena.

De nos jours, c'est différent. Il existe plusieurs tests d'admission et vous trouverez différentes vidéos sur Internet qui vous aideront à les préparer.

Selon moi, certains pilotes actuels ne l’auraient pas été de mon temps. Ce n'est pas un reproche envers les plus jeunes, mais il y avait simplement moins de places disponibles et les formations n’était pas gérées par des organismes spécialisés.

A moins que vous soyez admis à l'école d'aviation militaire, la formation est désormais beaucoup plus chère. Vous atteindrez rapidement 100.000 euros en fonction de l'institution que vous choisissez. Ajoutez à cela les frais de licence pour certains appareils et l'utilisation de simulateurs et l’addition grimpera aux alentours des 150.000 euros.

Etre pilote est un 'job de rêve' typique. Mais nous entendons souvent que c'est une profession exigeante. Qu'est-ce qui rend ce métier si lourd ?

Normalement, un pilote vole environ 900 heures par an. Cela peut ne pas sembler beaucoup mais, en analysant le planning d’une journée type (voir ci-dessous), je travaille souvent une douzaine d’heures par jour. Pour une heure de vol, vous êtes en moyenne occupé au moins deux heures de temps (vol, rotation de l'avion, retards, formations).

De plus, quand je rentre à la maison à 17h30 après un shift de travail, je vais généralement vite dormir. Si vous avez la responsabilité d'amener 200 personnes en toute sécurité en vacances, vous ne pouvez pas vous permettre de gérer le poste de pilotage à la légère.

Cela est et reste un travail aux horaires irréguliers, ce qui demande beaucoup d’énergie à votre organisme. Les avions coûteux sont productifs lorsqu'ils sont dans les airs, pas question de les faire voler uniquement de 09h00 à 17h00. Pour le moment, je ne fais plus de vols longue distance parce que le décalage horaire n’était plus supportable et que ma qualité de sommeil a trop souffert.

Mais vous prenez toujours du plaisir à travailler ?

Evidemment ! Avoir le sentiment de connaître son appareil par cœur et de le contrôler complètement dans les airs est inestimable. Débarquer des centaines de personnes en toute sécurité après un atterrissage impeccable procure beaucoup de satisfaction.

Je regrette un petit peu que la technologie soit de plus en plus présente. C'est une tendance internationale qui encourage les pilotes à enclencher le mode automatique immédiatement après le décollage et à l'éteindre juste avant l'atterrissage. Cela signifie que l'appareil n'est plus connu à 100%. Dans le passé, nous avions souvent entièrement les commandes d'un Boeing ou d'un Airbus jusqu’à ce qu’il atteigne son altitude de croisière, ce qui était fantastique.

Je comprends parfaitement que l'on veuille augmenter la sécurité avec des aides technologiques, mais plusieurs accidents datant de ces dernières années auraient pu être évités avec des pilotes plus qualifiés. Il en va de même pour le vol que pour la musique : personne n'a jamais appris à jouer du piano en regardant quelqu'un d'autre jouer du piano. C'est principalement des pays anglo-saxons que vient la pression d'utiliser autant que possible les systèmes automatiques. En Belgique, les gens essaient de trouver le meilleur équilibre possible entre l'impact humain et technologique.

Les pilotes ont la réputation de gagner de grosses sommes d'argent. Pouvez-vous confirmer ou réfuter ce mythe ?

J'ai 59 ans et, croyez-moi, je ne roule pas sur l’or. J'ai toujours correctement gagné ma vie mais ne pensez pas que je suis payé des centaines d'euros par heure. De plus, un certain nombre de pilotes travaillent comme travailleurs indépendants, ce qui est également mon cas. Nous devons donc penser à assurer notre pension par nous-mêmes. Dans certains pays du Moyen-Orient, il est possible de devenir très riche en tant que pilote, mais ce n'est pas une option pour la plupart des pilotes européens.

Vous ne devez pas devenir pilote dans le but de gagner de l’argent. Une passion insatiable est nécessaire pour travailler dans les airs avec une grande satisfaction jusqu'à votre retraite.

Certaines personnes affirment que les pilotes ne disent pas tout à leurs passagers, comme par exemple lorsqu'un moteur tombe en panne. Une déclaration que vous contestez fortement. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Pour commencer, au cours de mes 30 années de carrière comptant plus de 16.000 heures de vol (j'ai aussi effectué d'autres activités pendant quelques années), il ne m'est jamais arrivé de perdre un moteur. Cela peut arriver, dans des circonstances très exceptionnelles, mais les pilotes sont bien préparés à cela.

Avant chaque vol régulier de chaque compagnie, des "calculs de départ" sont faits par le commandant de bord et le copilote et la 'procédure de défaillance du moteur' est parcourue en détails. Les pilotes savent parfaitement quoi faire et à quel moment. Je tiens à souligner que ce briefing n'est absolument pas une formalité !

S'il y a des irrégularités au niveau des moteurs, il existe des scénarios très bien pensés afin de poser l'appareil en toute sécurité, que ce soit à sa destination finale ou en cours de route. Les passagers sont informés à tout moment de la panne moteur et du plan des pilotes. Une bonne communication est importante pour éviter une panique inutile. A l’époque, certaines sociétés n'étaient pas transparentes ou ne disaient pas tout à leurs passagers mais cela ne s'est plus produit depuis longtemps !

Qu’aimeriez-vous dire à tous ces petits garçons et petites filles qui, comme vous à l’époque, rêvent de devenir pilote en contemplant leur premier avion miniature ?

Allez-y et ne laissez personne compromettre votre rêve ! The sky isn’t the limit.

Planning quotidien d’un pilote

Filip, à quoi ressemble une semaine de travail type ?

Les semaines n'existent pas dans le secteur de l’aviation. Voici un aperçu d'une journée de travail comprenant un vol court-courrier vers Tenerife :

3.45h : réveil + petit-déjeuner

4h45 : départ pour l'aéroport

5h30 : arrivée à l'aéroport de Charleroi, préparation du vol avec le copilote

6h30 : prêt pour le décollage

11h00 : débarquement des passagers à Tenerife

L'équipage a ensuite environ une heure pour nettoyer complètement l'avion, faire le plein, préparer le vol de retour et faire monter tout le monde à bord.

12h00 : vol de retour

16h00 : débarquement des passagers à Charleroi

16h30 : départ vers la maison

17h15 : arrivée à la maison

Nous travaillons pendant trois ou cinq jours et pouvons ensuite rester chez nous pendant 24 ou 48 heures, mais cela ne coïncide pas avec les weekends du calendrier civil. Ce schéma décrit une journée normale mais chaque entreprise a son propre système avec ses propres horaires.

Lisez aussi : Comment devenir pilote en Belgique ?

(eh/jy)

27 août 2021
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