130 milliards d’euros, suffisant pour sauver la Grèce ?

Le gouvernement grec et la Troïka européenne négocient toujours les conditions d’une nouvelle aide de 130 milliards d’euros. Cette somme sera-t-elle suffisante pour sauver la Grèce ? Geert Janssens, économiste en chef du thinktank VKW Metena nous a répondu.
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Comment en est-on arrivé là ?

La majorité du montant de cette aide va servir au refinancement de la dette existante. Lorsqu’ils devaient rembourser leurs créances, les pays préféraient jusqu’à présent réaliser de nouveaux emprunts. Pour que cela soit possible, il fallait bien entendu que quelqu’un soit d’accord pour acquérir cette dette. Ces acheteurs ne sont aujourd’hui plus là pour racheter la dette grecque. Seule la BCE pourrait le faire, mais c’est une forme de financement monétaire direct, chose dont les leaders européens préféreraient se passer.

Un fond d’urgence a été créé par l’UE pour acheter de la créance nouvelle pour la Grèce. Il impose des réformes assez strictes au pays…

Parce ce que nous savons que la Grèce ne sera jamais en mesure de rembourser ce capital, on peut lui imposer les conditions de ce programme d’aide. On peut traiter la Grèce sans ménagement, comme peut le faire un CPAS envers quelqu’un qui ne peut plus payer ses dettes.

Cette aide suffira-t-elle ?

Les grecs sont actuellement dans un cercle vicieux – ils doivent emprunter pour pouvoir payer leurs intérêts – et ces 130 milliards vont en quelque sorte dans un puits sans fond. A priori, la situation est sans espoirs. Qu’ils reçoivent ces 130 milliards ou non, cela va être très difficile de remettre l’économie en selle.

Depuis 2008, le PIB (Produit Intérieur Brut) grec a baissé de 30 milliards, passant de 230 à 200 milliards d’euros. Par conséquent, il y a moins de marge de manœuvre à cause de la dette pour relancer la croissance, et plus de chômage. Nous en payons d’ailleurs une partie du préjudice, puisque de nombreuses banques belges ont investi notre argent dans la monnaie grecque.

Sortir de la zone euro : la solution ?

Les grecs auraient pu choisir de sortir de la zone euro et de dévaluer leur monnaie afin de rendre leur économie compétitive. Mais comment rendre une économie compétitive si vous n’avez même pas d’économie. Ou que vous avez un très faible potentiel d’exportation. Pour faire court, une dévaluation conduit également à une forte augmentation du prix des importations. Et la Grèce est dépendante des matières premières étrangères.

Que faut-il donc faire ?

Les Grecs vont devoir tenter de briser la spirale et de se remettre sur pied au cours des cinq prochaines années, en investissant dans la recherche et le développement, en attirant les entreprises, en encourageant l’entreprenariat, en assouplissant la politique relative aux créations… En fait, en faisant ce que fait la Wallonie aujourd’hui.

(mo/jt)
Image : jvc

14 février 2012

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