Fatigue décisionnelle : faire le bon choix a ses limites

Mauvais jugements et pertes de contrôle : l’état de fatigue décisionnelle peut avoir des conséquences sur chacun d’entre nous selon une enquête du New-York Times. Avec des effets non négligeables si elle atteint ceux dont les décisions valent de l’or.
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Amour, travail, études, vacances, repas, achats… La vie est une succession continue de choix. Ils sont plus ou moins importants, ont des conséquences plus ou moins heureuses, mais ces choix font chaque jour appel à notre énergie mentale. Or la capacité qui nous permet de prendre des décisions est limitée, selon des recherches menées par le psychologue Roy Baumeister. Il a nommé ce phénomène « ego depletion » (épuisement de l’égo) en hommage à certaines hypothèses émises par Freud.

Une expérience glaçante

Pour appuyer leur théorie, Baumeister et son équipe ont mis au point une expérience originale. Ils ont montré à deux groupes d’étudiants une série objets issus d’un supermarché et les ont présentés deux par deux (un stylo et une bougie, puis un t-shirt bleu et un noir etc.) à chacun. Les étudiants du premier groupe devaient en choisir un des deux à chaque fois. Ceux du second se contentaient de donner leur avis sur chacun des objets.

Les deux groupes étaient ensuite soumis à un illustre test de self control : plonger une main dans l’eau glacée. Le résultat fut éloquent : les ‘décideurs’ retiraient leur main au bout de 27 secondes alors que les seconds tenaient en moyenne 67 secondes.

Des décisions qui pèsent lourd

Quand la fatigue décisionnelle s’applique à des personnes dont le pouvoir a des répercussions sur un individu ou sur un peuple, les conséquences peuvent être terribles.

Une autre étude menée par Daniel Kahneman, psychologue et économiste israélo-américain, a par exemple montré que cette fatigue influait sur le jugement… des juges. En se basant sur 1100 affaires, le lauréat du prix Nobel d’économie 2002 a remarqué que les magistrats se montraient plus attentifs et plus compréhensifs le matin que le soir. A cas similaires, les condamnations devenaient plus sévères à mesure que s’écoulait la journée.

« Connais-toi toi-même » (Socrate)

La fatigue décisionnelle est une composante de la société actuelle. Nous n’avons pas le choix : nous devons en permanence trancher. Et cela rythme notre quotidien. Comment être sûr de prendre la bonne décision ? Pour Roy Baumeister, la réponse se trouve dans la connaissance du soi : « Même les personnes les plus sages ne font pas les bons choix si elles ne sont pas reposées… Les meilleurs décideurs sont ceux qui savent quand ils ne doivent plus se faire confiance ».

8 novembre 2011

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